Patrimoine

La porte de Savoie

Imaginez Saint-Genix autrefois : une cité fermée par de hautes murailles sombres et épaisses, soutenues par des “avanciers” et bordées d’un large fossé. elles ont résisté à l’érosion du temps, puisqu’elles existent encore partiellement le long du Guiers. On ne connait pas la date exacte de leur construction, on sait seulement qu’elles existaient déjà au XIVème siècle. Ces remparts étaient obligatoires et constituaient la seule protection contre les intrusions et les attaques répétées.

On pénétrait dans cette enceinte par trois portes de forme ogivale, soigneusement gardées et fermées durant la nuit. La première est restée longtemps debout, quartier du Faubourg, et porte simplement le nom de porte du Faubourg. Endommagée par un camion, elle a été reconstruite par la municipalité. Elle mesure aujourd’hui 4,40 m de hauteur sur une largeur de 3,40 m. Les gonds impressionnants de la porte initiale sont encore en place.

Il ne reste rien des deux autres portes : l’une était la porte du Guiers, à l’intersection de la rue de l’ancien Hôtel de Ville (aujourd’hui rue du 8 mai 1945) et de la rue du Couvent, l’autre était la porte de Truison, située au septentrion, à l’extrémité de la rue des Juifs.

La centrale hydroélectrique et le lavoir

Peu avant le fin du XIXème siècle, l’électricité se répand de plus en plus pour se substituer à tout autre mode de lumière, notamment à l’éclairage par le gaz. Un projet privé, établi en 1889 par monsieur Louis Tissot et deux ingénieurs, vante les mérites de l’électricité, des économies à réaliser ainsi que la sécurité de la ressource. Il s’avère que la chute d’eau que représente le Guiers pourrait suffire à un éclairage de 900 lampes au minimum. Or le besoin estimé de la ville à l’époque n’est que de 150 lampes. Un moteur hydraulique actionnant une machine dynamo-électrique permet de distribuer dans toute la ville la lumière pour l’éclairage public et particulier et même de louer aux industriels de la force motrice à domicile pendant la journée. Mais cette première centrale connut une fin tragique : le 14 janvier 1899 une crue dévastatrice emporta presque la totalité de la centrale, le seul élément subsistant de cet équipement est un arbre de fer toujours visible dans le lit de la rivière.

Haut de page

En 1900 la commune construit une nouvelle centrale, sur la terre ferme cette fois (alors que la première était bâtie sur pilotis), pour les besoins de l’usine de tissage BOUILLON. Un relevé des abonnés datant de 1903 permet cependant de noter que cette centrale servait également à alimenter les foyers pour l’éclairage (Saint-Genix, Aoste, Romagnieu et Belmont-Tramonet, mais aussi quelques abonnés à Pont-de-Beauvoisin Savoie et Isère et à Avressieux). En 1911 la centrale est donnée en location à M. RICHARD. En 1927 elle double ses moyens de production grâce à une deuxième turbine. En 1931 la société RICHARD, en difficulté, cède le bail et ses aménagements à la société d’électricité de Romagnieu, appartenant à M. GUILLOT : la centrale devient ainsi couplée avec celle de Romagnieu. C’est à cette époque que se développe l’électrification du milieu rural, la puissance n’est pas toujours là et les lampes tremblotent bien souvent, mais quel progrès tout de même. 1946 est l’année de l’EDF (loi de nationalisation des moyens de production et de distribution de l’électricité) qui nationalise par erreur l’usine de saint-Genix et qui, sur intervention vigoureuse de la Commune, la restitue. Alors, la centrale n’est plus utilisée que pour les besoins privé de l’usine des Préfabriqués GUILLOT dans un cadre juridique assez flou. La Commune, qui juge que l’entreprise GUILLOT occupe et exploite la centrale sans titre, veut en reprendre le contrôle. Une bataille juridique s’engage, elle ne prendra fin qu’en 1963.

A partir de 1964 la Commune décide d’entreprendre la rénovation de la centrale dans le but de reprendre directement l’exploitation et de vendre le courant à EDF. Le 22 février, le Conseil municipal prend la décision d’effectuer les travaux. Une remise en état complète est entreprise (mise en place d’une nouvelle turbine). Un emprunt sur 30 ans financera ce lourd investissement de 540 000 F (environ 3,4 millions de francs actuels, soit plus de 500 000 €). La puissance installée permettra alors de produire une moyenne de 1,4 million de kWh par an. Pour la surveillance et l’entretien courant de la centrale, ainsi que la gestion de l’ouverture en cas de crue des vannes du barrage aménagé sous le pont pour relever le plan d’eau, la commune recrute un gardien le 1er juin 1964 ; M. Marius PRUDON FONTAINE, logé sur place, assurera ces fonctions durant 25 ans. En 1989, Henri FLATTOT lui succède. Cette exploitation directe par la Commune prend fin en 1997, suite à des problèmes techniques. Le barrage est alors supprimé en raison des risques d’aggravation des crues et le seuil sous le pont est arasé. La centrale reste en l’état de nombreuses années, avec ses deux turbines de 1927 et de 1964 toujours présentes dans le bâtiment.

Le lavoir

Adossé à la microcentrale se trouvait un lavoir public alimenté par un système de vannes. Ses plans, proposés par monsieur Louis Tissot, datent de 1902. Autrefois les femmes poussaient sur des charrettes et même sur des brouettes leur linge à laver. C’était un véritable déballage au bord du bassin. Une grande banquette de bois était envahie par les bassines, les corbeilles en osier, les brosses, les savons. Les menus évènements du village faisaient l’occasion de gais bavardages. Les nouvelles circulaient au milieu des exclamations et des éclats de rire. Les enfants, heureux, se renvoyaient leurs petits bateaux de bois et leurs ballons, les faisant circuler au milieu des draps et des torchons… C’était vivant, c’était une fête…

Tombé en désuétude, situé en contrebas de la chaussée, il fut supprimé pour des raisons de sécurité ; sa toiture a été déposée et ses bassins comblés : seul vestige de cette époque, une vanne affleure à la surface du terre-plein actuel.

Haut de page

Le temps de la réhabilitation est enfin venu…

La mairie de Saint-Genix a entrepris un projet de réhabilitation de la centrale hydro-électrique à l’abandon, en conservant la structure des installations (canal d’amenée) et du bâtiment principal. La maison du gardien est également conservée.

Soucieuse de rétablir l’activité de production électrique historique, dans le respect des nouvelles contraintes liées à la police du cours d’eau, la commune a passé un contrat avec la société HYDRO 73, qui appartient maintenant à Green City Energy société basée à Toulouse, lui confiant l’exploitation de la chute d’eau après son réaménagement complet. Le redémarrage de la production électrique avec une nouvelle turbine plus moderne a eu lieu le 8 juin 2011. Il n’y a plus de gardien sur place, le site étant géré en télémaintenance.

Cette réhabilitation prend place dans le cadre de l’aménagement d’un parcours culturel sur le rive droite du Guiers (Entre Rhône et Guiers) : un panneau informe le randonneur de l’histoire de la centrale.

La maison de l’ancien gardien a été conservée par la Commune en vue d’une utilisation en liaison avec la rivière et les activités qui lui sont liées.

Le bâtiment qui abritait l’ancien transformateur et le départ de la ligne vers l’Isère a également connu un “coup de jeune” fin 2014 : sur ses murs a été réalisée une fresque urbaine peinte par les jeunes de Val Guiers Ados avec le concours et l’encadrement du collectif “La Coulure”. Le thème retenu évoque une figure incontournable du patrimoine local : Mandrin.

Haut de page

Les commentaires sont fermés.